Article paru dans l'Est Républicain enpage Nancy le 25 octobre 2004

Sous le regard des absents
Inauguration officielle del'exposition rénovée sur la Shoah à l'association culturellejuive, 55 rue des Ponts.

Le « 55 » bientôtpatrimoine national. C'est ce qu'il ressort des propos tenus par les éluslors de l'inauguration de l'exposition rénovée consacréeà la Shoah et aux Juifs de la région, à l'associationculturelle juive, 55 rue des Ponts.

Tour à tour, André Rossinotet Laurent Hénart ont souligné qu'il serait bon que les oeuvresde Mané Katz, l'importante bibliothèque et d'autres archivesfassent l'objet d'une inscription sur la liste du Patrimoine national. C'estcependant à l'association d'en faire la demande. Mais, la réuniondu jour concernait un sujet d'actualité : le devoir de mémoire,à l'occasion de la rénovation des panneaux de l'exposition« Ces absents qui nous regardent ».

Après le mot de bienvenue du président,Michel Piotrkowski, Bruno Cohen, le maître d'oeuvre de cette nouvelleprésentation, a souligné que 60 ans après on devaitfaire cet inquiétant constat que l'antisémitisme n'a pas disparuet qu'il faut « se réinscrire dans un système devigilance. C'est un combat quotidien que chacun doit mener dans son environnementspécifique. Il faut aussi rejeter le repli communautaire »,a-t-il insisté. « A Nancy, s'il n'y a pas, ou trèspeu, d'actes d'antisémitisme, cette situation privilégiéetient au travail engagé par la communauté pour une reconnaissancedu droit d'exister des uns et des autres et aussi à la qualitédes élus « qui sont à nos côtés pourcombattre les actes xénophobes, avec une conviction sincère ».

Devoir de mémoire

Prenant la parole, André Rossinota rappelé que l'espace républicain était l'espace degarantie mutuelle. « Ce qui a trop manqué, c'est l'informationsur les religions à l'école. » Et le maire a ensuiteévoqué le souvenir du jumelage avec Kyriath Shmona en Israël,dont des représentants seront à Nancy dans les jours prochains.

Michel Dinet, qui avait à sescôtés Mathieu Klein, a dit toute son émotion d'êtreen ces lieux de mémoire. « La force du tableau de ManéKatz et de tous ces absents qui nous regardentnous renvoie à l'ignominie d'un système - le nazisme - nianttoute valeur... Il y a devoir de mémoire pour rester en veille, enalerte et combattre les chantres de l'ordre nouveau. » Pour conclure,le président du conseil général nota : « Cequi est très fort, c'est la vie qui irradie le 55. S'associer àce moment d'amitié est aussi utile que privilégié. »

Pour finir, Laurent Hénart, aprèsavoir dit en quoi la Shoah était un génocide particulier, puisqu'ellen'est pas, comme les autres, l'excroissance d'un conflit territorial, lança: « Que chacun se sente à la place de ceux qui ont disparu.Il y là un travail d'empathie. »

Didier HEMARDINQUER


 


Des panneaux dont la présentation et le graphismeont été revus par Bruno Cohen. Photos Michel FRITSCH


© L'Est Républicain - 25.10.2004